dimanche 5 juillet 2020

Bergosa

Ça faisait longtemps que les cyprès de ce village abandonné, me faisaient de l’œil en passant sur la route depuis Castillo de Jaca, autrefois en partant grimper à Riglos, plus tard lors de mes ballades en Aragon. Voilà c'est fait, j'y suis allé en VTTAE. La curiosité était trop grande, et en fouillant sur le Net, j'ai trouvé le témoignage d'un ancien habitant du village, Ramón Galindo. Selon ses dires, au début des années 60, il y vivait encore une vingtaine de personnes, il se souvient encore avoir été à l'école, avec 8 à 10 autres camarades. Mais à Bergosa, la vie était dure et il ne s'adaptait pas trop à ce rythme. Isolement, fauchage de l'herbe avec des moyens rudimentaires, coupe du bois pour l'hiver, soins des bêtes, vaches, chevaux, et autre volailles, les montées et descentes quasi journalières par un rude sentier de 2 kilomètres pour aller chercher le courrier au pont de Torrijos, des automnes tristes, des hivers glacials. Il rappelle une anecdote particulièrement explicite pour parler de la vie rude des habitant de Bergosa. Un jour au mois de septembre, son père, Serapio Galindo bien qu'ayant été prévenu par un garde forestier, de l'agressivité des cervidés à cette période de l'année , s'approcha de trop près d'un cerf pour lui donner du sel. L'animal l'attaqua, il voulu se défendre avec une hache, mais il reçu quand même un violent coup de corne qui lui occasionna une fracture ouverte du tibia. Serapio, avec une attelle, un bandage, et des béquilles de fortunes, dut descendre par ses propres moyens jusqu'à la route par le sentier escarpé, tandis que Ramón, partit à Jaca en bicyclette de nuit sans éclairage, pour chercher du secours. Ramon se souvient aussi que ce sont les plans de reboisement adoptés par le gouvernement franquiste au milieu des années 1950, inspirés de ceux de la dictature de Primo de Rivera, qui ont entraîné le dépeuplement de nombreux villages des Pyrénées. L’état a acheté les surfaces sauvages comme Bergosa pour y planter des résineux. Les habitants ont été indemnisés pour la privation des terres qui leur permettaient jusqu'alors de maintenir une économie de subsistance. Les villageois , ont accepté, appâtés par les sommes bien que modiques, mais importantes pour eux, qu'ils en ont reçu un jour à la mairie de Castiello, chef lieu des villages de la vallée de la Garcipollera. C'était juste assez pour acquérir un appartement à Saragosse ou à Barcelone et commencer une nouvelle vie, avec des emplois peu valorisants. En 1965 donc la famille de Ramon et les derniers habitants de Bergosa fermèrent leur maisons, rassemblèrent leur bêtes et partir définitivement dans la vallée. Depuis quelques années, sans doute soucieux de retrouver leurs racines, les descendants des villageois ou les anciens qui subsistent, ont décidé de faire revivre le village. Tout reconstruire serait impossible, mais il ont réussi à remonter quelques granges les moins endommagées, aplanir, et nettoyer une grande aire pour se réunir, remettre en état la fontaine. Ainsi bien que le saint patron de la paroisse soit San Saturnino, et dont la fête est fin Novembre période trop froide, ils ont décidé, tout les ans au mois d’août, de se rassembler pour une petite réunion, avec grillades, et vin rouge, comme savent si bien le faire les espagnols. Ils se retrouvent dans ce cadre grandiose face au grand sommets visibles, Oroel, Collorada, Aspe, etc, de cet endroit, essayant de faire mentir une habitante d'un autre village abandonné lui aussi de la même vallée qui avait dit : «  La Garcipollera n'a donné que de la misère ».

Nous avons suivi un itinéraire de Larrendaburu trouvé sur son blog, au départ du pont sur l'Aragon prêt de l'aire de repos à la sortie de Castillo en filant sur Jaca.
De là, il faut suivre la route jusqu'à l'entrée de Jaca, et monter vers l’Hôpital ( 3.8 km), ensuite vient la longue ascension jusqu'au fort du Rapitan ( 6.5 km). Vue magnifique sur la ville, la plaine et la Pena de Orroel.
Ensuite suivre le chemin pédestre rejoignant le village d'Ipas, d'abord, jolie sentier de crête très roulant, puis au niveau de la rupture de pente, très chaotique, et pratiquement pas cyclable sur environ 300 mètres avec nos lourds VTT. Sur le plateau, avant de traverser un ruisseau presque à sec à côté d'un joli pont en bois ( 8.7 km), ça se calme.
Ensuite suivre une belle piste avec parfois de forts pourcentages montant vers la sierra, arrivé à un col   ( 10 .9 km), poursuivre par une piste légèrement descendante, évident, et atteindre le début d'un sentier ( 12.2 km) plus confus, panneau "Bergosa".
Le suivre au mieux (laborieux sur environ 500 mètres), jusqu'à un léger effondrement, le franchir, et rejoindre une piste abandonnée, qui se transforme en sentier, et ainsi rejoindre Bergosa ( 14.7 km). Tronçon très agréable, et très roulant.
Profiter de la visite du village, il se dégage un peu la même atmosphère que lorsque on visite Susin, bien que cet endroit soit beaucoup moins restauré, des travaux sont en cours.
De Bergosa, nous avons suivi la trace de Larrendaburu, c'est à dire le sentier pédestre qui descend directement sur Castillo, un peu raviné par endroits ce qui nécessite de franchir ces passages à côté du vélo, surtout, avec les VTTAE, cependant, dans l'ensemble il est praticable bien souvent. Toutefois pour les moins aguerris, il existe une piste d’accès au village qui doit aboutir un peu plus haut que le sentier précité dans la vallée de la Garcipollera, nous n'avons pas testé, mais elle est tracé sur l'IGN espagnole, et de plus les véhicules motorisés montant au village pour les travaux de rénovation doivent sans doute l'emprunter.
Arrivés au Rio ( 16.7 km), donc nous par le sentier, nous avons suivi la rive gauche jusqu'à un vieux barrage, là elle se perd, nous avons poursuivi à vue dans le lit de la rivière, jusqu'au joli pont pédestre    ( 17.7 km) emprunté par le chemin de St Jacques. Il semblerait tout aussi judicieux, surtout par gros débit, de franchir le Rio, de passer rive droite et de rejoindre le "Camino" par la petite route desservant la vallée de la Garcipollera.
Du pont pédestre une piste évidente rejoint le point de départ.
Tout au long de la ballade je ne saurai que trop recommander vu l’état de mes jambes à la fin de la boucle ( et comme souvent en Espagne) de porter des protections pour les tibias. La végétation est particulièrement agressive Ici.

Fait le 04/07/2020
Dénivelé: 600 m
Distance: 20 km
Trace: https://www.vtopo.fr/pages/itineraire/bergosa

 


 



Jaca depuis le Rapitan

Piste après le col


Une ruelle de Bergosa

La Collorada

L'église

Descente de Bergosa


Une grange rénovée

Le village






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