jeudi 14 octobre 2021

Alcubierre-trincheras-ruta Orwell-San Caprasio-Alcubierre

Pour les non initiés, il est peut être surprenant de trouver ici un système militaire défensif portant le non de Georges Orwell, l'auteur de "1984",pour les autres comme moi, passionnés de ces terres d'Aragon, un peu moins.

Georges Orwell

 

 En effet Orwell est venu ici se battre au sein des "Brigades Internationales" durant la guerre civile espagnole. Il a même failli y laisser la vie aux abords de Huesca, victime d'une blessure par balle au cou. C'est ainsi que s'est arrêtée son aventure dans cette guerre. Cet épisode, il l'a magnifiquement retranscrit dans son ouvrage "Hommage à la Catalogne", un des plus puissants livres, sans doute, que j'ai pu lire sur la guerre d'Espagne. Au Sud de Huesca, non loin du petit village rural d'Alcubierre, une visite est nécessaire sur les ruines de ces tranchées, disposées sur les crêtes de la Sierra d'Alcubierre et dominant la plaine de l'Ebre,donc Saragosse. Je ne sais, si ces tranchées restaurées bien plus tard pour le devoir de mémoire, sont historiquement bien reconstruites, mais on comprendra aisément l’intérêt stratégique qu'elles représentaient.. En effet, elles défendaient un col par ou passe une petite route secondaire permettant de relier la plaine de l'Ebre à celle de Huesca. Mais en dehors de toutes considérations stratégiques, on pourra imaginer la vie difficile, en particulier dans l'hiver froid des plateaux aragonais, au milieu des poux, des rats, et de la crasse, de ces hommes venus du monde entier pour se battre pour une cause qui n’était pas la leur. Enfin dire "qui n’était pas la leur" est peut être une contre vérité, ces combats furent, la grandiose répétition du conflit qui allait embraser le monde peu de temps après celui-ci. C'est ici en effet que les forces de l'Axe ont mis au point leur stratégie guerrière qui a mis le feu à l'Europe d'abord, puis au monde entier. Il est probable que sans l'aide de Mussolini  et d'Hitler, et sans le "déballonnage" des démocraties occidentales, la rébellion franquiste aurait échouée. On parle souvent du bombardement de Guernica comme le symbole de l'horreur, peut être à cause de la rigueur méthodique de l'opération ( c’était allemand), ou bien du tableau de Pablo Picasso, mais on parle peu des bombardements italiens sur la Catalogne, qui furent tout aussi meurtriers, voir plus. Et que dire des dissensions dans le camp républicain?? Dissension est un faible mot d'ailleurs, disons plutôt purges sanglantes, dont je tairais un autre qualificatif, mais il raisonnera sûrement à l'oreille des plus avertis, en faisant écho à d'autres purges plus à l'Est. Venir ici, c'est rendre donc hommage à ces hommes, célèbres ou anonymes, qui ont risqué, et pour certain, donner leur vie. Quand je dis ces hommes, je pense aussi aux femmes, qui ont pris part aux combats de façon courageuse, ou encore, sont venues pour soigner ou informer. Je pense tout particulièrement ici à Gerda Taro," La pequeña rubia " ou "La fille au Leica", comme on l'appelait, une des premières, sinon la première "photographe de guerre", personnage qui m'a passionné, et au talent longtemps éclipsé par l'ombre de Robert Capa.


Gerda Taro


 Elle fut la compagne de ce dernier, et créa avec lui l'agence "Magnum". Elle fut fauchée à l'age de 27 ans accomplissant son travail de journaliste lors de la bataille de Brunete, non loin de Madrid. Comble de l’absurde, elle fut tuée accidentellement par un char républicain, parti dont elle était ouvertement sympathisante. Elle a sans doute côtoyé George Orwell sur le front d'Aragon au moment où il y était. Que dire de la guerre d'Espagne, comme toutes les guerres, exceptés les épisodes génocidaires, il serait dommage de faire une analyse manichéenne. En réponse à la "terreur rouge" active après le putsch franquiste, et instiguée par les républicains dans une anarchie totale, sûrement justifiée par la peur du lendemain. Il y eut, en réponse une "terreur blanche", téléguidée par les nationalistes, soutenus par le clergé éprouvé par l'épisode précédent. Depuis comme le disait François Mauriac, fascisme et cléricalisme n’ont put être pendant longtemps dissocié  en Espagne. Des milliers de morts dans les deux camps, avec un record absolu de victimes dans le camp républicain, à cause, entre autre, d'une répression sans aucune mesure dans l’excès à la fin des hostilités, hélas, "malheur aux vaincus".  Pour toutes ces victimes, la visite respectueuse s'impose. En parler plus ici, sur un blog VTT, serait déplacé, j’espère cependant avoir aiguisé votre curiosité, et si vous voulez seulement avoir un aperçu de cette tragédie, je vous recommande d'essayer de visionner un TRÈS excellent documentaire diffusé sur  Arte: "La tragédie des brigades internationales", et aussi en films de fiction (quoi-que!), "Land and Freedom", et beaucoup moins connu,"Fiesta", décrivant cette guerre ( et les autres) dans toute son absurdité, et dans lequel Jean-Louis Trintignant incarne admirablement un militaire fasciste cynique et cruel. D'après lui son testament cinématographique. Une œuvre trop peu connue, je ne sais pourquoi, sans doute cette guerre n’intéresse pas le grand public. Mais je m'égare encore... Enfin, sans vouloir être lourd, mais par devoir de mémoire, il faudrait rappeler que les premiers libérateurs de Paris, ceux qui sont rentrés en premier dans la capitale en aout 1944, faisaient partis d’une unité d’élite de la 2em DB : "La Nueve", composée pour l’essentiel de combattants républicains espagnols.

Toujours elle.


 Pour plus de détails sur l'intervention militaire italienne: https://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_militaire_italienne_en_Espagne ou encore: https://www.polkamagazine.com/gerda-taro-lombre-dans-la-lumiere-de-robert-capa/

Au départ d'Alcubierre, nous prendrons une piste(km 0.5) parallèle à la route qui relie le village au col d'Alcubierre, on rejoindra cette dernière au lieu dit "La Balsa del Pucero"(km 5.1) pour rejoindre le col précité. Au col(km 7.5) on fera une visite dans le complexe des tranchées(km 8.6) occupées par les nationalistes. De la par le route empruntée à l'aller on rejoindra la "Loma Orwell"(km 11.4), pour visiter cette fois les fortifications républicaines. Ensuite on redescendra la piste conduisant au blockhaus, pour prendre tout de suite à gauche une piste raide(km 11.9) conduisant au lieu dit "Baukabero"(km 12.9), piste bien visible depuis les fortifications. Ensuite on suivra la ligne de crête par une piste évidente dans un paysage de forêt de résineux très bien entretenue pour rejoindre le sommet de San Caprasio, point culminant de la Sierra de Alcubierre. En suivant la trace le parcours est évidant, difficile de le décrire exactement, mais le passage au pied d'une tour de guet métallique est un point de repère.  On remarquera non loin de celle ci une sépulture sauvage en pleine nature sur le coté droit de la piste, peut être un combattant de la guerre civile. Sous le sommet de San Caprisio(km 28.2), il est intéressant de visiter les habitations troglodytes de l'ermitage. On commencera la descente en se dirigeant vers le "Corral de Lorenzin", après celui ci en suivant la piste vers le Nord, pour la quitter très vite et en traversant un champ de céréale (piste marquée qui le traverse) rejoindre un magnifique monotrace(km 29.5), facile et joueur, dans un sous bois de végétation méditerranéenne. Ne pas manquer cette variante plus amusante que la piste principale. On rejoint plus loin cette dernière(km 31.8) quittée plus haut, et en la suivant au plus évident, et on aura aussi retrouvé un balisage VTT, on rejoindra le village d'Alcubierre, en traversant un paysage typique de ce désert des Monnegros.

Petit aparté: Ce n'est pas moi qu'il fallait convaincre, J'ai été de tout temps partageur, trialistes, randonneurs, chasseurs, éleveurs, grimpeurs, etc, etc... Tout le monde à sa place en montagne. Mais lors de cette ballade, au pied de la tour de guet métallique nous avons fait une halte, nos deux vélos étaient posés par terre, ma compagne en visite dans une petite grange... Deux enduristes en moto sont passés sur la piste, et d'un geste de la main, m'ont demandé si tout allé bien. Immense merci messieurs les inconnus, d'abord pour le souci pour notre personne, et surtout puisque tout allé bien pour m'avoir conforté dans mes idées de partage. Avis à tous les "ayatollahs" donneurs de leçons ou pire, poseurs de pièges dangereux, voir jusqu'à n'ayons pas peur des mots "létales" (il parait que c'est "tendance" en ce moment), qu'ils soient contre les VTTistes, randonneurs, ou autres usagers de la nature.  

  

Fait le:11/10/2021

Dénivelé: 700  mètres 

Distance: 41 kilomètres

Niveau bat restante: 25% (environ)

Trace: https://www.vtopo.fr/pages/itineraire/alcubierre-trincheras-ruta-orwell-san-caprasio-alcubierre


Tranchée nationaliste

Baraquement...couchettes


Hommage à G. Orwell

Tranchée républicaine

Un poste de tir à la "Loma Orwell"

Sur la piste de crête

Ermitage de San Capracio

Le beau monotrace de descente

Le même

L'église d'Alcubierre

Vue depuis San Caprisio

Toujours le beau sentier

Dans le monotrace

Le nid d'une squatteuse...cigogne!


 



 

 










 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire